En ce dimanche, veille de la Saint-Denis (9 octobre), nous fêtons notre saint patron. Mais connaissons-nous bien notre Denys, que nous contemplons pourtant à chaque messe, évangélisant (avec succès !) les païens de Lutèce, sur la grisaille au-dessus de la croix ? D’emblée, ce « i grec » dans le nom de notre Eglise intrigue. Chercherions-nous à nous singulariser de tous les autres « Saint-Denis », rue, quartier, églises, basilique ?
Comme l’indique sa crosse épiscopale, notre Denys est bien le premier évêque de Paris, envoyé par le Pape au IIIème siècle, grande époque des persécutions contre les chrétiens, pour nous porter la Bonne Nouvelle. « Sous l’empereur Dèce, rapporte un historien du VIème siècle, les massacres de chrétiens étaient si nombreux qu’il était impossible de les dénombrer. Sept hommes, qui avaient été ordonnés évêques, furent alors envoyés pour prêcher dans les Gaules : en Touraine Gatien, en Arles Trophime, à Narbonne Paul, à Toulouse Saturnin, en Auvergne Austremoine, à Limoges Martial, à Paris Denis.
Le bienheureux Denis, évêque de Paris, affligé de diverses souffrances pour le nom du Christ, acheva cette vie par le glaive. » Evêque et martyr, voici notre Denys. Proclamer la divinité du Christ ressuscité, c’est en effet porter atteinte à la majesté impériale. Condamné à mort par l’autorité romaine, il est décapité sur le futur Mont des martyrs (Montmartre). « Une foule immense assiste à l’exécution. Or, voici que le corps mutilé de Denys se redresse dans une grande lumière : il prend sa tête dans ses mains (cephalo-phore) et, accompagné par le chant des anges, la porte loin du lieu du supplice, où il souhaite être enterré » et où sera bientôt érigée la basilique de Saint-Denis.
Et son petit côté grec, alors, d’où notre Denys le tient-il ? D’une confusion ! Confusion que fit un savant abbé qui écrivit sa biographie au IXème siècle. Emporté par son enthousiasme, il identifia l’évêque de Paris avec ce citoyen athénien membre du conseil de l’Aréopage que les Actes des Apôtres nomment « Denys l’Aréopagite », et qui se convertit après avoir entendu saint Paul révéler le Dieu unique. Deux cents ans séparent ce Denys de l’évêque de Paris.
Pour nous, qu’importe ! Le sang de notre saint patron a coulé sur la terre parisienne, en un ultime témoignage de foi qui, aujourd’hui encore, nous invite à la mission. Cela seul compte.
Dominique Thirion
Comentarios